Il est de plus en plus rare qu’une manifestation suscite sur son passage émerveillement, joie et applaudissements. Ce mardi 12 octobre, jour de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, le cortège parisien brandissait à sa tête (juste derrière les représentants de la CFDT) une surprise aussi somptueuse que symbolique, qui fut applaudie de tous : une marionnette haute de trois mètres, toute de blanc vêtue, armée d’un glaive et d’une balance. Cette allégorie de la Justice, conçue et fabriquée hier au Théâtre du Soleil, donnait au cortège l’allure d’un célèbre tableau…
Pour préparer un digne accueil aux milliers de manifestants, Ariane Mnouchkine, mère fondatrice du Théâtre du soleil, avait donné rendez-vous, à midi, au Théâtre de l’Odéon (Paris 6ème). Les comédiens, musiciens et techniciens de sa troupe, ainsi que leurs plus proches compagnons, comme l’écrivain Hélène Cixous, le comédien Georges Bigot, ou encore de nombreux spectateurs fidèles, avaient répondu présents, avec leurs instruments de musique, leurs banderoles poétiques… Et la fameuse marionnette géante.
“La retraite, on sait bien qu’elle est foutue pour nous, puisque nos carrières, dites ‘incomplètes’, ne nous permettent jamais de cotiser suffisamment pour avoir une retraite décente. Mais ce n’est pas une raison pour se résigner ! “, expliquait un réalisateur sonore, chargé de porter en drapeau cette citation de Pascal:”la force sans la justice est tyrannique”.
“La retraite, on sait bien qu’elle est foutue pour nous, puisque nos carrières, dites ‘incomplètes’, ne nous permettent jamais de cotiser suffisamment pour avoir une retraite décente. Mais ce n’est pas une raison pour se résigner ! “, expliquait un réalisateur sonore, chargé de porter en drapeau cette citation de Pascal:”la force sans la justice est tyrannique”.
“Cette soit-disant réforme que tous les français ressentent comme un régression est bête et inefficace: on sait bien que dans dix ans, elle sera déjà caduque. Il faut une réforme, tout le monde est d’accord là dessus, et des sacrifices sont nécessaires. Mais ça suffit de toujours sacrifier les mêmes. Y’en a marre des injustices et de l’arrogance!” tonnait Ariane Mnouchkine entre deux consignes pour orchestrer le départ.
“Les banderoles, les musiciens et la sono partent les premiers vers la rue de Rennes. La Justice fera son entrée un peu plus tard, pour arriver comme une surprise. N’oubliez pas de chercher des relais parmi les manifestants qui nous rejoindront: on a quatorze porteurs et il nous en faut vingt-six pour tenir jusqu’au bout! C’est parti : d’abord les drapeaux sur la justice, ensuite les Shakespeare”.
Les “Shakespeare”, c’était par exemple cet extrait incroyablement actuel de Macbeth: “A présent des révoltes incessantes lui reprochent ses parjures. Ceux qu’il commande n’agissent que sur commande. Rien par amour. Maintenant, il sent son titre qui pend flasque sur lui. Comme la robe d’un géant sur un faussaire nain”.
Ou encore cette autre citation de circonstance: “les frelons ne sucent pas le sang des aigles mais pillent les ruches des abeilles”…
Voir la “Justice” géante qui déambulait dans les rues du 6ème arrondissement, ce fut un spectacle à part entière. Passants et militants disaient tantôt “bravo”, tantôt “merci” en voyant la marionnette flotter au-dessus des autobus près de la place Saint-Sulpice.
Rue de Rennes, où se posta la petite centaine d’artistes et amis du Théâtre du Soleil, plusieurs autres groupes attendaient les manifestants : Lutte Ouvrière et, un peu plus bas, le PS. Vers 14h, la marionnette et la troupe du Soleil se mirent à défiler entre deux cortèges syndicaux, et l’exclamation fut générale lorsque La Justice joua sa scène place Saint-Germain des près: attaquée par des corbeaux (de papier), elle commença à se débattre dans une danse fascinante, sur une musique dramatique.Les “Shakespeare”, c’était par exemple cet extrait incroyablement actuel de Macbeth: “A présent des révoltes incessantes lui reprochent ses parjures. Ceux qu’il commande n’agissent que sur commande. Rien par amour. Maintenant, il sent son titre qui pend flasque sur lui. Comme la robe d’un géant sur un faussaire nain”.
Ou encore cette autre citation de circonstance: “les frelons ne sucent pas le sang des aigles mais pillent les ruches des abeilles”…
Voir la “Justice” géante qui déambulait dans les rues du 6ème arrondissement, ce fut un spectacle à part entière. Passants et militants disaient tantôt “bravo”, tantôt “merci” en voyant la marionnette flotter au-dessus des autobus près de la place Saint-Sulpice.
“Oh la vache que c’est beau”, s’exclama une jeune femme qui tenait une des banderoles du PS. “La symbolique est parfaitement efficace”, lança une jeune avocate à ses côté. Même dans les rangs très sérieux de la CFDT, les jeunes militants applaudissaient : “c’est le théâtre du soleil, je crois! c’est magnifique. Et c’est super d’apporter un peu d’innovation dans le mouvement.”
Peu à peu, enseignants et “indépendants” en tous genres sont venus grossir les rangs du Soleil.
“Je me reconnais dans le parti du théâtre bien plus que dans tout autre parti, confia une sexagénaire toute légère et souriante. Car quand il est bien fait, le théâtre est ce qui implique l’engagement le plus profond de l’individu, qu’on soit acteur ou spectateur”.
L’intervention de Mnouchkine témoigne en tout cas d’une foi profonde dans l’efficacité politique du théâtre. “Le rôle des artistes, c’est d’apporter un peu de forme, d’images et de rythme au mouvement. C’est pour cela que nous nous mettons au service de la manifestation”, justifie tout simplement la metteur en scène.
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